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Le 24 mai 2022, Rania Dagash, directrice régionale adjointe de l'UNICEF pour l'Afrique orientale et australe, rencontre la mère Ismayel et ses jumeaux au centre de santé intégré de Dollow, en Somalie. Les jumeaux souffrent de malnutrition. Ismayel se sent chanceuse d'être arrivée à temps pour amener ses jumeaux au centre de santé pour qu'ils y soient soignés. ©UNICEF/UN0644322/Fazel
Le 24 mai 2022, Rania Dagash, directrice régionale adjointe de l'UNICEF pour l'Afrique orientale et australe, rencontre la mère Ismayel et ses jumeaux au centre de santé intégré de Dollow, en Somalie. Les jumeaux souffrent de malnutrition. Ismayel se sent chanceuse d'être arrivée à temps pour amener ses jumeaux au centre de santé pour qu'ils y soient soignés. ©UNICEF/UN0644322/Fazel

Une "explosion des décès infantiles" imminente dans la Corne de l'Afrique

Genève, le 7 juin 2022 – Résumé des propos tenus par la directrice régionale adjointe de l’UNICEF pour l’Afrique orientale et australe, Rania Dagash, lors de la conférence de presse du 7 juin 2022 au Palais des Nations à Genève.

« Je suis ici aujourd’hui pour vous dire, en toute sincérité, que si le monde n’élargit pas son regard au-delà de la guerre en Ukraine et n’agit pas immédiatement, une explosion du nombre de décès infantiles est sur le point de se produire dans la Corne de l’Afrique.

Malnutrition aiguë sévère

Selon les estimations, 386 000 enfants somaliens ont aujourd’hui désespérément besoin d’un traitement contre la malnutrition aiguë sévère qui menace leur vie. Ce chiffre dépasse le chiffre de 340 000 enfants qui avaient besoin d’un traitement lors de la famine de 2011.

Le nombre d’enfants confrontés à cette forme de malnutrition – la plus mortelle – a augmenté de plus de 15 % en l’espace de cinq mois.

En Éthiopie, au Kenya et en Somalie, plus de 1,7 million d’enfants ont un besoin urgent de traitement contre la malnutrition aiguë sévère.

Au cours des deux dernières années, quatre saisons des pluies ont fait défaut, tuant les cultures et le bétail et asséchant les sources d’eau. Les prévisions indiquent que les prochaines pluies d’octobre à décembre risquent également d’être insuffisantes.

Au cours du premier trimestre 2022, les trois pays ont enregistré un nombre significativement plus élevé d’enfants souffrant de malnutrition sévère admis pour traitement par rapport au premier trimestre 2021 :

  • En Éthiopie, les admissions ont augmenté de 27 %.  
  • En Somalie, les admissions ont augmenté de 48 %.  
  • Au Kenya, les admissions ont augmenté de 71 %.

Les taux de mortalité sont également préoccupants. Cette année, par rapport à l’ensemble de l’année précédente, dans certaines des zones les plus touchées de la Corne de l’Afrique, trois fois plus d’enfants sont déjà morts de malnutrition aiguë sévère accompagnée de complications médicales, dans les centres de traitement des patients hospitalisés.

Eau

Entre février et mai, le nombre de ménages ne disposant pas d’un accès fiable à une eau sûre et salubre a presque doublé, passant de 5,6 millions à 10,5 millions.  

Guerre en Ukraine

La vie des enfants de la Corne de l’Afrique est également mise en danger par la guerre en Ukraine. La Somalie importait à elle seule 92 % de son blé de Russie et d’Ukraine, mais les voies d’approvisionnement sont désormais bloquées. La guerre exacerbe la flambée des prix mondiaux des denrées alimentaires et des carburants, ce qui signifie que de nombreuses personnes en Éthiopie, au Kenya et en Somalie n’ont plus les moyens de se procurer les denrées alimentaires de base dont elles ont besoin pour survivre.

Ces pressions ont également un impact sur notre réponse. Le coût des aliments thérapeutiques vitaux utilisés par l’UNICEF pour traiter les enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère devrait augmenter de 16 % au niveau mondial au cours des six prochains mois, ce qui signifie que l’UNICEF aura besoin de 12 millions de dollars supplémentaires par rapport aux prévisions pour la seule Corne de l’Afrique.

Financements

L’UNICEF et d’autres agences n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme sur cette crise. Nous remercions sincèrement les donateurs qui ont apporté leur contribution – c’est leur soutien qui nous a permis de répondre comme nous l’avons fait jusqu’à présent. Mais notre appel est encore largement sous-financé ; nous disposons actuellement de moins d’un tiers de ce dont nous avons besoin cette année.

La communauté internationale-sous la houlette du G7 qui se réunira en Allemagne en juin-doit engager dès maintenant des fonds supplémentaires pour sauver des vies. L’attention portée à l’Ukraine ne doit pas conduire à négliger d’autres crises et, en fin de compte, à perdre davantage de vies.

Nous voulons également que les dirigeants du G7 s’engagent à agir rapidement lors des futures situations d’urgence et à investir dans des activités de résilience à long terme, telles que la nutrition, l’eau, l’éducation et les programmes de transfert d’argent. Les enfants somaliens vivent actuellement en première ligne de la crise climatique – un phénomène qui n’est pas près de s’estomper – nous avons besoin d’un changement significatif de la part de la communauté des donateurs pour aider les familles à surmonter ces chocs climatiques cycliques.

Si vous le permettez, je voudrais terminer en vous racontant l’histoire de deux de ces enfants confrontés à la catastrophe imminente que j’ai décrite.

Je reviens tout juste de Somalie. Dans un centre de santé de la ville frontalière de Dollow, j’ai rencontré Ismayel et ses jumeaux d’un an – Salman et Libaan. Elle est enceinte, mais les effets dévastateurs de la sécheresse l’ont obligée à parcourir 120 Km à pied pour traiter la malnutrition de ses fils.

Beaucoup d’enfants n’arriveront pas jusqu’ici. J’ai entendu parler d’enfants enterrés au bord de la route alors que leurs familles font de longues marches désespérées à la recherche d’aide.

Et nous craignons que le pire soit à venir.

Merci. »