Face au nombre toujours plus important d’enfants sans solution d’hébergement à la veille de la rentrée scolaire, l’UNICEF France et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) appellent le gouvernement à mettre en œuvre, sans délai, les mesures nécessaires pour tenir l’engagement de « ne plus avoir aucun enfant à la rue ».
Paris, le 30 août 2023 – L’UNICEF France et la FAS publient leur cinquième baromètre « Enfants à la rue », dressant une nouvelle fois un constat alarmant: loin d’être en diminution, le nombre d’enfants sans solution d’hébergement est en augmentation de plus de 20 % par rapport à l’année dernière et 2,5 fois plus qu’il y a 18 mois. Cette analyse recense le nombre de personnes en famille n’ayant pas pu être accueillies dans des structures d’hébergement adaptées malgré leur demande auprès du 115, le numéro d’appel d’urgence pour les sans-abris.
Au moins 1 990 enfants étaient sans solution d’hébergement avant la rentrée scolaire
Dans la nuit du 21 au 22 août, 3 735 personnes en famille qui avaient sollicité le 115 n’ont pas pu être hébergées faute de places disponibles dans les structures d’hébergement pouvant les accueillir. Parmi elles, 1 990 étaient des enfants, dont 480 de moins de trois ans. En plus de ces personnes en famille en DNP (demandes non pourvues), il convient de prendre également en compte la situation critique de femmes enceintes primipares qui restent aussi sans solution suite à leur demande au 115.
Parmi les 1 990 enfants de moins de 18 ans en DNP, près de 80 % (1 567) déclaraient avoir déjà dormi à la rue la veille de leur demande ; un taux inquiétant témoignant du caractère généralement durable des parcours de rue.
Cette réalité déjà alarmante est pourtant parcellaire : le baromètre ne permet pas de recenser les nombreuses familles qui ne recourent pas au 115, ni les mineurs non-accompagnés en situation de rue, ou encore les familles vivant en squats ou en bidonvilles.
Si l’Île-de-France reste la région qui comptabilise le plus grand nombre de personnes en famille en demandes non pourvues (1598), la situation est également tendue en régions, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes (476), dans les Hauts-de-France (416) et en Occitanie (314).
Une gestion court-termiste inadaptée
Malgré les efforts conséquents réalisés durant l’hiver 2022-2023, qui ont notamment permis de maintenir la capacité du parc d’hébergement à 205 000 places, les associations constatent une multiplication des remises à la rue depuis la fin de l’hiver. En effet, la reprise de l’activité touristique et la baisse des moyens consacrés à l’hébergement d’urgence ont conduit à la suppression de nombreuses places en hôtel, principale solution proposée aux familles. Néanmoins, la période estivale, ponctuée par des vagues de chaleur et autres phénomènes météorologiques extrêmes, n’enlève rien, au contraire, au caractère dangereux et inadapté de la rue.
L’hébergement d’urgence est non seulement insuffisant en nombre, mais aussi insatisfaisant par son caractère temporaire et, bien souvent, par la faible prise en compte des spécificités liées à l’accueil des plus jeunes. C’est notamment le cas de l’hébergement hôtelier qui ne permet pas de répondre aux besoins fondamentaux des 29 780 enfants qui y vivent.
Plus de 31 000 enfants attendent du gouvernement des actions ambitieuses
Face à ces constats alarmants et en écho aux recommandations du Comité des droits de l’enfant de l’ONU, l’UNICEF France et la FAS appellent les ministres nouvellement nommés à mettre en œuvre une politique de la rue au logement portant une attention spécifique sur les enfants et agissant selon deux temporalités distinctes : l’urgence et le long terme. Elle devra être dotée de moyens suffisants pour que tous les enfants soient hébergés inconditionnellement et conformément à leur intérêt supérieur et pour que l’accès des familles au logement ordinaire soit facilité.
Il est temps que le gouvernement se donne les moyens d’honorer son engagement de « ne plus avoir aucun enfant à la rue ».