De nouveaux engagements nationaux, politiques et programmatiques, ainsi qu’un nouveau financement de près de 600 millions de dollars, annoncés lors du tout premier forum mondial pour l’élimination du cancer du col de l’utérus, représentent l’espoir de sauver des centaines de milliers de vies d’ici à 2030.
Carthagène, le 5 mars 2024 – Les gouvernements, donateurs, institutions multilatérales et partenaires ont annoncé aujourd’hui de nouveaux engagements politiques, programmatiques et financiers majeurs, dont près de 600 millions de dollars de financement supplémentaire, afin d’éliminer le cancer du col de l’utérus. Si ces ambitions d’étendre la couverture vaccinale et de renforcer les programmes de dépistage et de traitement sont pleinement réalisées, le monde pourrait, pour la première fois de son histoire, éliminer un cancer.
Ces engagements ont été pris à l’occasion du tout premier forum mondial pour l’élimination du cancer du col de l’utérus qui se tient à Carthagène, en Colombie : Faire avancer l’appel à l’action afin de catalyser l’élan national et mondial pour mettre fin à cette maladie évitable.
Nous avons les moyens de lutter contre cette maladie
Toutes les deux minutes, une femme meurt du cancer du col de l’utérus, alors que les connaissances et les outils pour prévenir et éliminer cette maladie existent déjà. La vaccination contre le papillomavirus humain (HPV), principale cause du cancer du col de l’utérus, peut prévenir la grande majorité des cas et, associée au dépistage et au traitement, ouvre la voie à son éradication.
Le cancer du col de l’utérus est le quatrième cancer le plus répandu chez les femmes à travers le monde et il continue d’affecter de manière disproportionnée les femmes et leurs familles dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI).
La recommandation mondiale de 2022 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en faveur d’un calendrier de vaccination contre le papillomavirus à dose unique a considérablement réduit les obstacles à l’extension des programmes de vaccination, ce qui constitue un changement important. Cette recommandation a été renforcée par une recommandation similaire dans la région des Amériques en 2023. Le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique vient d’emboîter le pas en recommandant aux pays de la région d’adopter le calendrier de vaccination à dose unique. À ce jour, 37 pays ont déclaré être passés ou avoir l’intention de passer à un schéma de vaccination à dose unique.
Un tournant historique et de multiples engagements
Les engagements annoncés lors du forum marquent un tournant dans l’accélération des progrès par rapport à la promesse faite en 2020, lorsque 194 pays ont adopté la stratégie mondiale de l’OMS visant à éliminer le cancer du col de l’utérus.
« Nous disposons des connaissances et des outils nécessaires pour reléguer le cancer du col de l’utérus dans le passé, mais les programmes de vaccination, de dépistage et de traitement n’atteignent pas encore la portée requise« , a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS. « Ce premier forum mondial est une occasion importante pour les gouvernements et les partenaires d’investir dans la stratégie mondiale d’élimination de la maladie et de s’attaquer aux inégalités qui empêchent les femmes et les jeunes filles d’avoir accès aux outils vitaux dont elles ont besoin.«
Outre un nouvel engagement de l’Indonésie en faveur de son Plan d’action national 2023, les autres engagements des pays comprennent :
- La République démocratique du Congo s’engage à commencer à introduire le vaccin contre le HPV le plus tôt possible en utilisant le calendrier à dose unique recommandé par l’OMS. Elle s’engage également à tout mettre en œuvre pour atteindre, le plus tôt possible, l’objectif de couverture vaccinale de la stratégie d’élimination du cancer du col de l’utérus pour les filles âgées de 9 à 14 ans.
- L’Éthiopie s’engage à mettre en œuvre une stratégie robuste d’administration des vaccins dans tout le pays, en visant une couverture d’au moins 95 % en 2024 pour toutes les filles de 14 ans, quel que soit leur statut socio-économique, qu’elles soient scolarisées ou non. Le pays s’engage également à dépister chaque année le cancer du col de l’utérus chez un million de femmes éligibles et à traiter 90 % des femmes dépistées qui présentent des lésions précancéreuses positives. En outre, l’introduction d’une dose unique de vaccin contre le papillomavirus a été approuvée cette année et sera généralisée dans le cadre des plans du programme élargi de vaccination du pays.
- Le Nigeria a lancé son programme national de vaccination contre le HPV cette année, en adoptant le schéma à dose unique pour les filles âgées de 9 à 14 ans, et s’engage désormais à atteindre une couverture vaccinale d’au moins 80 % chez les filles. Le Nigeria s’est engagé à continuer d’augmenter la couverture vaccinale contre le papillomavirus par le biais d’une stratégie de distribution robuste qui ira à la rencontre des filles là où elles se trouvent. Pour les filles scolarisées, le pays se concentrera sur la vaccination en milieu scolaire ; pour les filles non scolarisées, il s’engagera à mettre en œuvre des activités de sensibilisation à des moments clés de l’année, l’objectif étant d’atteindre une couverture vaccinale d’au moins 80 % des filles d’ici à 2026.
Le nouveau financement de près de 600 millions de dollars comprend 180 millions de dollars de la Fondation Bill & Melinda Gates, 10 millions de dollars de l’UNICEF et 400 millions de dollars de la Banque mondiale. Une liste complète et une description des engagements sont disponibles ici et seront mises à jour tout au long du forum.
De nombreux défis et inégalités demeurent
De nombreux défis se dressent sur le chemin de l’éradication de la maladie. En raison de contraintes d’approvisionnement, de difficultés de livraison et de la pandémie de COVID-19, seule une adolescente éligible sur cinq a été vaccinée en 2022. Et bien qu’il existe des outils de dépistage et de traitement rentables et fondés sur des données probantes, moins de 5 % des femmes dans de nombreux PRFI bénéficient d’un dépistage du cancer du col de l’utérus. Les contraintes du système de santé, les coûts, les problèmes logistiques et le manque de volonté politique sont autant d’obstacles à la mise en œuvre de programmes complets de prévention et de traitement du cancer du col de l’utérus.
Ces obstacles ont conduit à de profondes inégalités : sur les 348 000 décès dus au cancer du col de l’utérus estimés en 2022, plus de 90 % ont eu lieu dans les PRFI. Si les gouvernements et les partenaires renouvellent de toute urgence leur engagement en faveur de l’agenda mondial, il est possible d’inverser la tendance et d’empêcher que le nombre de décès annuels n’atteigne 410 000 d’ici à 2030, comme le prévoient les estimations actuelles.
Initier un mouvement plus vaste
« Pour le gouvernement colombien, qui s’est engagé à garantir les droits des femmes dans leur diversité, il est impératif de progresser dans l’élimination du cancer du col de l’utérus, une maladie qui touche des millions de filles et de femmes. C’est pourquoi nous sommes heureux d’accueillir le premier Forum mondial pour l’élimination du cancer du col de l’utérus. C’est une opportunité qui permettra au pays, et au monde, d’échanger des expériences et des connaissances qui contribueront à éliminer les barrières aux soins, à augmenter la vaccination contre le HPV et à faciliter le renforcement des capacités afin que les pays et les partenaires continuent de multiplier les actions pour l’élimination du cancer du col de l’utérus« .
Pour le gouvernement espagnol, « le cancer du col de l’utérus est un problème de santé publique pour lequel il existe déjà des outils de prévention, de détection et de traitement« , comme l’a rappelé le ministre des affaires étrangères, de l’Union européenne et de la coopération, José Manuel Albares, qui est convaincu que « avec de la volonté politique, nous pouvons y faire face. Nous sommes persuadés que ce premier forum suscitera des engagements et un soutien de la part des pays, des organisations internationales, des initiatives mondiales, des organismes philanthropiques et de la société civile, afin de stimuler l’action et l’engagement des gouvernements à atteindre les objectifs de la stratégie de l’OMS. Conformément à sa politique étrangère et de coopération féministe, l’Espagne est prête à prendre des engagements significatifs pour y parvenir« .
« Pour la première fois, la suppression d’une classe entière de cancers est à portée de main. Avec les outils nécessaires dont nous disposons, l’engagement et la volonté politique sont les prochaines étapes clés vers un avenir sans cancer du col de l’utérus pour les générations futures. L’UNICEF poursuit l’objectif mondial commun visant à protéger la vie de 86 millions de filles d’ici l’année prochaine et s’engage à verser 10 millions de dollars pour aider 21 pays à vacciner les filles contre le papillomavirus, en plus de ses engagements actuels en faveur de cette cause importante et urgente. L’impact de ces nouveaux fonds sera amplifié grâce à l’approche multisectorielle de l’UNICEF qui tire le meilleur parti de ses plateformes scolaires et communautaires et de ses partenariats avec les organisations de défense des droits des filles et des femmes pour assurer le succès de la création d’une réelle demande de la part des jeunes femmes concernées. » a ajouté Helga Fogstad, directrice du département Santé de l’UNICEF.
Ce forum important est coparrainé par les gouvernements colombien et espagnol, en partenariat avec l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’UNICEF, la Fondation Bill et Melinda Gates, Unitaid, la Facilité mondiale de financement pour les femmes, les enfants et les adolescents (GFF), Gavi, l’Alliance du vaccin, l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et la Banque mondiale.
Ressources complémentaires :