Déclaration du représentant de l’UNICEF en Afghanistan, Fran Equiza, lors de la conférence de presse du Bureau du porte-parole du Secrétaire général.
New York, le 18 mai 2023 – « Il y a quelques semaines, j’ai visité un dispensaire à l’extérieur de Kaboul, rempli d’agents de santé féminins et de files de mères attendant patiemment que les infirmières vaccinent leurs bébés. Une mère m’a fait confiance pour administrer des gouttes de vaccin contre la polio à sa petite fille. Lorsque l’infirmière lui a confirmé que son bébé était désormais à l’abri de la polio, elle a souri.
Je ne parle ni le Dari, ni le Pashtou. Mais en tant que parent, je comprends le langage tacite du soulagement.
En Afghanistan, près de 16 millions de garçons et de filles, comme mon fils et mes filles, comme vos fils et vos filles, n’ont pas accès à ce soulagement.
Ils se réveillent affamés. Ils se couchent le ventre vide. Ils n’ont pas d’eau potable pour étancher leur soif. Ils n’ont pas de couvertures douces pour dormir. Ils sont trop habitués à travailler à la maison, dans la rue, dans les champs, dans les mines et dans les magasins. Trop d’enfants vivent dans la crainte de la violence ou d’un mariage précoce. Trop d’entre eux sont accablés par le poids des responsabilités d’adultes. Trop nombreux sont ceux qui ont été privés d’éducation ; leur seul espoir d’une vie meilleure.
Dans ce pays profondément troublé, en proie à une catastrophe humanitaire, à des désastres liés au climat et à des violations flagrantes des droits de l’homme, trop nombreux sont ceux qui ont oublié que l’Afghanistan est une crise pour les enfants.
C’est une crise qui s’aggrave. Aujourd’hui, on estime que 90 % des Afghans sont au bord de la pauvreté.
Les enfants sont les premières victimes
En 2023, 2,3 millions d’enfants devraient souffrir de malnutrition aiguë. 875 000 d’entre eux auront besoin d’un traitement contre la malnutrition aiguë sévère, qui met leur vie en danger.
De même, cette année, environ 840 000 femmes enceintes et mères allaitantes risquent de souffrir de malnutrition aiguë, ce qui compromet leur capacité à donner à leurs bébés le meilleur départ possible dans la vie.
Bien que les combats aient pour la plupart cessé, des décennies de conflit font que, chaque jour, les droits des enfants sont violés de la manière la plus effroyable qui soit. L’Afghanistan est l’un des pays les plus contaminés par les armes au monde. La plupart des victimes sont des enfants.
Les données préliminaires indiquent qu’entre janvier et mars de cette année, 134 enfants ont été tués ou mutilés par des engins explosifs. C’est la réalité du danger croissant auquel sont confrontés les enfants afghans lorsqu’ils explorent des zones qui étaient auparavant inaccessibles en raison des combats.
Beaucoup de ceux qui ont été tués ou mutilés sont des enfants qui ramassent de la ferraille pour la vendre.
Car c’est ce que fait la pauvreté. Elle vous oblige à envoyer vos enfants travailler, non pas parce que vous le voulez, mais parce que vous n’avez pas le choix.
L’UNICEF est là pour chaque enfant
En Afghanistan, environ 1,6 million d’enfants sont pris au piège du travail des enfants. Des enfants de six ans à peine travaillent dans des conditions dangereuses pour aider leurs parents à mettre un peu de nourriture sur la table. Du pain. Des haricots. Des pommes de terre.
Alors que l’éducation était un symbole d’espoir, le droit des enfants à l’éducation est menacé. Dans tout l’Afghanistan, les filles sont privées de leur droit à l’éducation depuis plus de trois ans maintenant – d’abord à cause du COVID-19, puis, depuis septembre 2021, à cause de l’interdiction de fréquenter l’école secondaire. Je n’ai pas besoin de vous parler de l’impact de cette déscolarisation sur leur santé mentale.
Malgré les défis qui en découlent, y compris les récentes interdictions et directives inacceptables visant les femmes afghanes, l’UNICEF est là pour chaque enfant. Nous sommes déterminés à rester et à agir pour les femmes et les enfants d’Afghanistan, comme nous le faisons depuis près de 75 ans. Nous nous adaptons à l’évolution rapide des réalités sur le terrain, nous trouvons des solutions pour atteindre les enfants qui ont le plus besoin de nous, tout en veillant à ce que les femmes afghanes employées par l’UNICEF puissent continuer à apporter leur contribution inestimable à notre travail en faveur des enfants.
Au cours des trois premiers mois de cette année, par exemple, grâce à notre personnel courageux, en particulier notre personnel féminin national, aux ONG sans lesquelles nous ne pourrions pas atteindre les communautés, à nos donateurs et à nos partenaires, 7,5 millions de personnes ont bénéficié de l’aide de l’UNICEF :
- 7,5 millions de personnes ont bénéficié des services de santé soutenus par l’UNICEF.
- 600 000 garçons et filles, dont 55 % de filles, ont suivi des cours d’éducation communautaire.
- Plus de 140 000 enfants de moins de cinq ans ont reçu un traitement contre la malnutrition aiguë sévère.
- 86 000 ménages ont reçu des aides en espèces.
Les besoins augmentent chaque jour
Cependant, l’appel de fonds de l’UNICEF pour l’Action humanitaire en faveur des enfants n’est financé qu’à hauteur de 22 %. Nous sommes en mai. C’est la moitié de l’année. Concrètement, cela signifie que nous ne pouvons pas venir en aide à tous les enfants que nous devons soutenir.
Nous demandons donc à la communauté internationale de se mobiliser et de nous aider à soulager les souffrances des enfants, des femmes et des familles en Afghanistan. Cette situation critique n’est pas de leur fait.
Ensemble, nous pouvons – et nous devons – rendre leur vie plus sûre et porteuse d’espoir. Mais nous avons besoin d’un soutien urgent dès maintenant. »