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Au Yémen, grâce au soutien de l'UNICEF, des enfants sont dépistés pour identifier les cas de malnutrition © UNICEF/UNI441659/Hayyan
Au Yémen, grâce au soutien de l'UNICEF, des enfants sont dépistés pour identifier les cas de malnutrition © UNICEF/UNI441659/Hayyan

Yémen : la malnutrition aiguë en forte augmentation

Aden, le 18 août 2024 – La malnutrition aiguë augmente rapidement dans les zones contrôlées par le gouvernement du Yémen, la côte ouest connaissant pour la première fois des niveaux de malnutrition « extrêmement critiques », a déclaré aujourd’hui le Groupe de Travail Technique du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) au Yémen.

Selon la dernière analyse de la malnutrition aiguë menée par l’IPC, le nombre d’enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition aiguë, ou d’émaciation, a augmenté de 34 % par rapport à l’année précédente dans les zones contrôlées par le gouvernement, touchant plus de 600 000 enfants, dont 120 000 souffrants de malnutrition sévère. Cette forte augmentation est due à l’effet conjugué des épidémies de choléra et de rougeole, de l’insécurité alimentaire, de l’accès limité à l’eau potable et du déclin économique. En outre, dans cette même zone, environ 223 000 femmes enceintes et allaitantes souffriraient de malnutrition aiguë en 2024.

Le niveau le plus sévère de la classification IPC, la malnutrition aiguë « extrêmement critique » (phase 5), s’applique aux zones où la prévalence de la malnutrition aiguë dépasse 30 %. Pour la première fois, ce niveau a été signalé dans les basses terres du sud de Hodeidah, districts d’Al Khawkhah et de Hays et dans les basses terres de Taizz, district d’Al Makha, au cours de la période allant de novembre 2023 à juin 2024. À Hodeidah, la prévalence de la malnutrition aiguë est passée de 25,9 % à 33,9 % d’une année à l’autre.

Entre juillet et octobre 2024, mois de la saison maigre où l’activité agricole est minimale, les 117 districts des zones contrôlées par le gouvernement yéménite et couvertes par l’enquête devraient tous connaître des niveaux « graves » de malnutrition aiguë ou pire (Phase 3 et + de l’IPC), et le district de Mawza, dans les basses terres de Taizz, devrait également passer au niveau « extrêmement critique » (Phase 5 de l’IPC).

« Le rapport confirme une tendance alarmante à la malnutrition aiguë chez les enfants du sud du Yémen », a déclaré le représentant de l’UNICEF au Yémen, Peter Hawkins. « Pour protéger les femmes, les filles et les garçons les plus vulnérables, il est plus important que jamais d’investir les efforts de prévention et de traitement de la malnutrition et de les intensifier. Nous continuerons à faire tout ce que nous pouvons, y compris en nous appuyant sur la réponse multisectorielle existante, pour lutter contre les formes de malnutrition qui mettent en danger la vie des enfants, afin qu’ils puissent survivre et développer leur plein potentiel. »

« L’augmentation alarmante de la malnutrition aiguë chez les enfants de moins de 5 ans dans les zones sous contrôle du gouvernement yéménite souligne l’impact sévère des épidémies, de l’insécurité alimentaire et du manque d’accès aux services essentiels. La FAO reste engagée à soutenir la restauration durable et la diversification des moyens d’existence agricoles pour aider à répondre aux besoins urgents », a ajouté Hussein Gadain, représentant de la FAO au Yémen.

Le Yémen, enlisé dans un conflit prolongé et un effondrement économique, lutte avec des taux de malnutrition parmi les plus élevés au monde. Le conflit en cours, l’instabilité économique et les épidémies récurrentes restent les principaux moteurs de la crise de la malnutrition dans le pays.

Hodeidah et Taizz, les régions où la prévalence de la malnutrition aiguë est la plus élevée, étaient déjà confrontées au taux le plus élevé de retard de croissance, aussi appelé « malnutrition chronique ». Ce type d’indicateur témoigne du fait que les privations répétées aggravent également la malnutrition chronique chez les enfants de ces régions.

« Le PAM est actuellement contraint de fournir des rations plus petites. Ces analyses devraient nous rappeler que des vies sont en jeu », a déclaré Pierre Honnorat, représentant et directeur du PAM au Yémen. « Il est essentiel d’intensifier le soutien aux plus vulnérables qui pourraient s’enfoncer davantage dans l’insécurité alimentaire et la malnutrition si les faibles niveaux actuels de financement humanitaire persistent. »

Le Dr Arturo Pesigan, représentant de l’OMS au Yémen, a rappelé que « l’augmentation du taux de malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans au Yémen indique également que les maladies doivent constituer une préoccupation majeure. Les services intégrés de santé et de nutrition, y compris la prise en charge des maladies infantiles et la garantie d’une vaccination à jour et de pratiques alimentaires appropriées, sont essentiels pour faire face aux situations d’urgence sanitaire et nutritionnelle. Il s’agit en outre de garantir l’accès à des aliments nutritifs en quantité suffisante et à de l’eau potable. Les acteurs humanitaires et la communauté internationale doivent prendre des mesures immédiates pour préserver l’avenir des enfants du Yémen»

Les maladies infantiles, les épidémies de choléra et de rougeole, ainsi que l’accès limité à l’eau potable et aux services d’assainissement, font grimper les taux de malnutrition aiguë au Yémen.

L’insécurité alimentaire grave et les mauvaises pratiques d’alimentation, y compris les pratiques d’allaitement sous-optimales, aggravent encore la situation des enfants vulnérables dans les zones contrôlées par le gouvernement.

Les quatre agences des Nations unies appellent ensemble à un soutien international urgent et soutenu et à une action immédiate pour s’attaquer aux causes profondes de la malnutrition aiguë, en renforçant les systèmes existants de protection sociale, de santé, d’alimentation et d’eau, d’assainissement et d’hygiène.

Parallèlement, il est essentiel de mettre fin au conflit qui dure depuis près de dix ans et de rétablir la paix pour relever les défis et renforcer la résilience de la population yéménite dévastée par le manque de services de base, les déplacements répétés et l’effondrement des systèmes économiques et sociaux.

Notes aux rédactions :

Groupe de Travail Technique du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) est composé d’agences de l’ONU, d’ONG et de gouvernements.

  • À propos de l’UNICEF :

L’UNICEF travaille dans certains des endroits les plus difficiles du monde, pour atteindre les enfants les plus défavorisés de la planète. Dans plus de 190 pays et territoires, nous travaillons pour chaque enfant, partout, afin de construire un monde meilleur pour tous. Pour plus d’informations sur l’UNICEF et son travail pour les enfants au Yémen, visitez http://www.unicef.org/yemen.

  •  À propos de la FAO :

La représentation de la FAO au Yémen est opérationnelle depuis 40 ans. Depuis le début des opérations dans le pays, la FAO a apporté son soutien aux agriculteurs, aux éleveurs et aux pêcheurs et a contribué à l’amélioration de la production et de la productivité agricoles. Aujourd’hui, la FAO travaille également avec les autorités yéménites pour soutenir la restauration durable et la diversification des moyens d’existence agricoles.

  • À propos du PAM :

Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies est la plus grande organisation humanitaire au monde. Il sauve des vies dans les situations d’urgence et utilise l’aide alimentaire pour construire un chemin vers la paix, la stabilité et la prospérité pour les personnes qui se remettent d’un conflit, d’une catastrophe ou de l’impact du changement climatique.

  • À propos de l’OMS :

Depuis 1948, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est l’institution des Nations unies qui se consacre à la promotion de la santé pour tous et à l’engagement de tous en faveur de la santé afin que chacun, partout, puisse atteindre le niveau de santé le plus optimal. L’OMS dirige les efforts mondiaux visant à étendre la couverture sanitaire universelle, à guider et à coordonner les interventions mondiales en cas d’urgence sanitaire et à mettre en relation les nations, les partenaires et les populations afin de promouvoir la santé, d’assurer la sécurité dans le monde et de servir les personnes vulnérables.