La pauvreté impacte le bien-être de l’enfant, son développement et l’exercice de ses droits fondamentaux, mais elle a également une incidence sur son avenir. Cette problématique mérite ainsi une attention particulière qui doit se concrétiser par la mise en œuvre de politiques et de programmes tenant pleinement compte de leurs droits et de leur intérêt supérieur.
En 2020, la France comptait 8,9 millions de personnes pauvres[1]. Si les courbes de la pauvreté montrent que la part de la population pauvre est stabilisée depuis le début des années 2000, en 20 ans, la pauvreté a fortement évolué.
On constate notamment une hausse de la « grande pauvreté » – définie comme la combinaison de faibles revenus et de privations matérielles et sociales sévères – et la précarisation des familles. Ce dernier phénomène se traduit notamment par une importante augmentation du nombre d’enfants touchés par la pauvreté (entre 2008 et 2018, la pauvreté a touché 600 000 enfants supplémentaires).
Selon les dernières données disponibles, 1 enfant sur 5 – soit 2,9 millions d’enfants – vivait en dessous du seuil de pauvreté en 2018. Le contexte économique et social de ces dernières années exacerbe les inégalités et fait peser un risque important d’augmentation de la pauvreté infantile.
Même si ces prévisions sont complexes à réaliser, un certain nombre d’indicateurs – notamment des indicateurs de « grande pauvreté » – sont au rouge et doivent nous alerter. C’est notamment le cas de dans certaines collectivités territoriales d’Outre-mer ou encore du nombre d’enfants sans-domicile en hausse depuis plusieurs années.
Données clés
En France, 1 enfant sur 5 vit en dessous du seuil de pauvreté
La pauvreté touche 8 enfants sur 10 à Mayotte et 6 enfants sur 10 en Guyane.
600 000 enfants supplémentaires touchés par la pauvreté entre 2008 et 2018.
+ de 42 000 enfants sont privés d’un logement et vivent dans des hébergements d’urgence, dans des abris de fortune ou dans la rue.
[1] En France, un individu est considéré comme pauvre lorsqu’il vit en dessous du seuil de pauvreté établi à 60% du revenu médian. On estime donc qu’une personne est pauvre si ses revenus sont inférieurs à 1 102 € par mois.
[2] Données de l’INSEE de 2017, 2018, 2019 et données FAS/UNICEF de 2022.
La pauvreté des enfants est mal prise en compte
La pauvreté peut prendre plusieurs formes. En France, on se réfère majoritairement à la pauvreté financière et aux conditions de vie. Si ces indicateurs fournissent des informations essentielles sur la situation et les privations matérielles des ménages, ils ne reflètent que partiellement la situation vécue par les jeunes.
Car si la pauvreté des enfants est souvent la conséquence immédiate de la situation de leurs parents, ces derniers éprouvent la pauvreté différemment des adultes. Elle affecte leur bien-être et leur développement, entrave l’effectivité de leurs droits fondamentaux comme le droit à la santé (cf. rapport « Grandir sans chez-soi ») ou à l’éducation, et a une incidence durable et déterminante sur leur avenir.
Par ailleurs, les statistiques sur la pauvreté sont souvent incomplètes. En effet, certains groupes d’enfants sont sous-représentés. C’est notamment le cas des enfants vivant dans les collectivités territoriales d’Outre-mer (certaines statistiques excluent en effet les Outre-mer, en particulier Mayotte), des enfants sans-domicile ou encore des mineurs isolés ; autant d’enfant qui sont pourtant davantage exposés au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale que la population générale.
De la pauvreté à l’exclusion sociale
Les enfants en situation de pauvreté sont plus susceptibles de rencontrer des obstacles dans l’accès aux biens et services essentiels pour leur bien-être et à leur développement (comme l’éducation, les soins de santé, une alimentation adéquate, un logement décent ou encore des services d’accueil du jeune enfant).
Ces obstacles sont nombreux et de différente nature : manque de ressources financières, insuffisance de l’offre sur le territoire, manque d’adaptation des services ou d’attention des professionnels aux besoins spécifiques des enfants en situation de pauvreté, manque d’information sur les services proposés, obstacles administratifs, etc.
Les préconisations de l’UNICEF France pour lutter contre la pauvreté des enfants
L’UNICEF France recommande aux pouvoirs publics de se saisir de l’opportunité que représente la Garantie européenne pour l’enfance pour mettre en œuvre une politique ambitieuse de prévention et de lutte contre la pauvreté.
- Créer un service public de la petite enfance permettant à chaque famille d’avoir accès à un mode d’accueil du jeune enfant.
- Disposer d’outils fiables et pérennes pour identifier et accompagner chaque enfant éloigné de l’école, et lever les freins administratifs à la scolarisation et à la continuité éducative.
- Garantir à chaque enfant l’accès à un repas sain chaque jour d’école en instaurant une tarification sociale des cantines scolaires.
- Renforcer les leviers de prévention des inégalités sociales de santé comme la Protection maternelle et infantile ou la médecine scolaire, lutter contre le non-recours aux soins et renforcer l’offre de soins en santé de l’enfant.
- Atteindre l’objectif de « 0 enfant à la rue » en garantissant un accueil inconditionnel et respectueux des droits de l’enfant au sein du parc d’hébergement et en améliorant l’accompagnement des familles sans-domicile vers l’accès au droit commun.
- Favoriser l’accès à la culture et à la pratique artistique des enfants en situation de précarité par le développement de dispositifs de médiation culturelle.